L’API du mois
Mathieu DOMECQ
Rédacteur en chef de l’API du mois et du Blog
En ce mois de juin, il faut être très vigilant sur les réserves de nourriture ! Nous rencontrons un printemps très pluvieux cette année, l’un des plus difficiles depuis ces 10 dernières années. Dans ce numéro, vous apprendrez de manière scientifique pourquoi les abeilles piquent, vous en saurez plus sur les étapes de transhumance de ruche et enfin, quelques astuces pour observer une ruche en forme.
Le saviez-vous ? Pour qu’une colonie fabrique 100g d’alvéoles de cire, elle a besoin de 8 000 heures de travail ! (Source : Famille Michaud)
Les travaux du mois
Juin et Juillet s’annoncent probablement plus chauds. En tout cas, les apiculteurs n’auront pas pu récolter de miel ou peu. Avec peu de nectar et peu de pollen rentrant dans les ruches, les abeilles consomment leurs réserves jusqu’à s’effondrer de moitié ! Voici un récapitulatif des travaux apicole :
– Nourrir les colonies : je conseille habituellement d’apporter du sirop Apiinvert en cas de carence. Mais vu les volumes que nous devons apporter pour y pallier et comme je ne peux pas me rendre sur tous les ruchers constamment (comme mes collègues qui ont beaucoup de ruches), optez en plus pour du candi Apifonda. En effet, en donnant un pain de candi en plus, cela leur permet de garder des provisions plus longtemps tout en boostant la colonie, en plus d’un peu de sirop qu’elles pourront stocker pour le coup.
Un manque de nourriture peut avoir un gros impact sur l’hivernage. Sans rentrée de nectar maintenant, il y aura peu de butineuses cet été pour faire les provisions de l’automne.
– la transhumance des ruches : certaines régions vont profiter de belles floraisons dans le mois qui suit. Nous aurons les tilleuls, caractéristique d’un miel mentholé ; le châtaignier en forêt avec un miel fort en goût ; et la lavande en Provence avec ses grandes étendues qu’adorent les abeilles : des sources attractives !
L’apiculteur pourra bénéficier de miels de qualités, en déplaçant ses ruches dans les cultures ou forêts pour obtenir un miel mono-floral. La nouvelle hausse sera posée à l’arrivée des ruches, une fois que 10 à 20% des fleurs se seront ouvertes.
– Piéger le frelon : d’ici la fin du mois le frelon va commencer à refaire son apparition. Commencez à vous munir de pièges et d’appâts pour protéger vos ruches.
Les fleurs mellifères du mois : le tilleul, le trèfle, la bourdaine, la lavande.
Pourquoi les abeilles piquent-elles ?
Défendre la ruche, bien sûr, c’est une évidence pour l’abeille ! Mais l’abeille défend surtout sa colonie, quitte à mettre sa vie en péril. Une piqûre suffit pour que l’abeille domestique meurt. Elle se sacrifie pour les autres.
En piquant, l’abeille libère un phéromone d’alarme incitant les autres abeilles à attaquer elles aussi. Une équipe de chercheurs de l’Université de Toulouse a découvert que l’odeur du venin (appelé l’acétate d’isoamyle) augmente le niveau de sérotonine et de dopamine dans leur cerveau. Les abeilles gardiennes repoussent la menace en piquant. En soi, quand les butineuses sentent ce phéromone d’alarme, elles sont incitées à piquer.
L’étude conclut que la variation de la teneur en sérotonine ou en dopamine affecte directement le comportement de piqûre des abeilles. Elles sont plus susceptibles de piquer quand la sérotonine augmente dans le cerveau.
Transhumer ses ruches
On pense souvent que la transhumance est un travail réservé à l’apiculteur professionnel. Et pourtant non. De nombreux apiculteurs de loisirs s’y mettent, pour le plaisir de récolter un miel différent, ou par obligation à cause du manque de fleur sur leur zone.
Le choix d’un bon emplacement est un point déterminant pour une transhumance réussie. L’apiculteur devra bien sûr trouver une bonne entente avec un agriculteur pour y poser ses ruches. D’un côté l’apiculteur bénéficiera de belles ruches requinquées avec des réserves ; et de l’autre l’agriculteur verra son rendement amélioré par la pollinisation de l’abeille.
Comment s’y prendre :
Trouver une offre en nectar (miellée) suffisante et déterminer la durée de la floraison.
Respecter les distances de sécurité comme les zones de fécondation (10km), les apiculteurs voisins (500m), les bâtiments publics (100m) et les passages publics (20m).
Vérifier ses assurances responsabilité et vol des ruches.
Le transport des abeilles se fera une fois la nuit tombée (ou tôt le matin) pour avoir le maximum de butineuses à l’intérieur des boîtes. Assurez-vous que les colonies soient suffisamment ventilées avec des planchers aérés. Sur place veillez à ce que vos ruches soient immatriculées de votre numéro NAPI ou d’un panneau. Protégez éventuellement les ruches d’une clôture de pâturage.
Désormais tout est en place pour que les colonies puissent vous offrir une belle récolte.
Reconnaître un bon stockage dans les cadres
Comment évaluer les réserves de ma colonie ? C’est une grande question pour les apiculteurs débutants. En cette saison, l’idéal dans une ruche Dadant 10 cadres est d’avoir au moins 6 cadres occupés par du couvain (œufs, larves et nymphes). Sur chacun de ces cadres, vous devrez observer une couronne de pollen, puis une couronne de miel sur le haut des cadres. Ainsi les abeilles ont accès à des réserves juste à côté du couvain. Les quatre derniers cadres seront eux des cadres de stockage. En général l’équivalent d’un cadre uniquement de pollen (avec plusieurs couleurs signe d’une bonne diversité de nourriture) et 3 cadres de miel (nectar et miel operculé).
Comme d’habitude, partagez-nous vos photos : on les publiera sur notre site depuis les réseaux sociaux avec le hashtag : #apifonda #apiinvert !
On se retrouve dès le mois prochain sur votre blog API avec votre fidèle partenaire, Les Ruchers De Mathieu !
LES RUCHERS DE MATHIEU
Miellerie & Magasin d’Apiculture
Photos ©lesruchersdemathieu
