L’API du mois
Mathieu DOMECQ
Rédacteur en chef de l’API du mois et du Blog
Le mois d’avril est très occupé pour l’apiculteur. Il est très souvent demandé par ses abeilles, d’autant plus quand il possède de nombreux ruchers, signe de nombreux déplacements. Nous verrons ensemble les travaux du mois à prévoir avant de faire un zoom sur la reine et le faux-bourdon dans cet article.
Le Saviez-vous ? Un essaim peut atteindre près de 80 000 abeilles en ce moment, signe d’une surpopulation. Un essaimage risque de se préparer pour les abeilles, et une course contre la montre pour l’apiculteur.
Les travaux du mois
Ce mois-ci l’apiculteur à mille choses à faire sur ses ruches ! Nous rentrons dans la surveillance la plus accrue de la saison. Il faut :
– Surveiller le nombre de cadres de couvain : il déterminera le développement de votre colonie. A partir de 6/7 cadres de couvain il faut se méfier d’un essaimage. La colonie se retrouve à l’étroit et elle pourrait bien prévoir des cellules royales.
– Poser la hausse : avec les premières miellées comme les fruitiers, les saules, les lilas et le colza, il y a une forte rentrée de nectar dans la ruche. Il faut faire attention que les alvéoles destinées à recevoir du couvain ne soient pas prises pour de la réserve. La reine se sait plus où pondre et cela augmente encore le risque d’essaimage. Posez donc la hausse pour lui offrir de la place et surveillez-la. Parfois, une à deux semaines suffisent pour la remplir !
– Diviser ses colonies : afin de ne pas courir derrière un essaimage, anticipez-le ! A partir d’une ruche bien populeuse vous allez pouvoir créer un nouvel essaim. Sélectionnez 3 cadres que vous placerez dans une ruche partitionnée ou une ruchette, puis alimentez au sirop Apiinvert®. Les cadres contiendront du miel et du pollen, du couvain ouvert avec des œufs, et du couvain fermé pour suivre les prochaines naissances. Enfermez cette division 2 à 3 jours avant de la remettre sur le rucher, ou bien déplacez-là à plus de 3 kms.
Vous placerez de nouveaux cadres cirés dans la ruche souche pour compléter ceux que vous avez pris. Cette méthode ne nécessite pas forcément de trouver la reine, mais si vous la voyez, laissez-la dans sa ruche d’origine.
Les belles journées de printemps vous permettront de faire cet exercice sans perturber les abeilles ni les rendre agressives.
– Chasser les essaims : avec cette période d’essaimage vous risquez d’en croiser sur votre chemin, ou d’être appelé, pour récupérer une colonie arrêtée en route, sur un arbre ou une clôture. Gardez une ruchette et une brosse dans votre voiture ! Cet essaim vous permettra d’augmenter votre cheptel. Suivez-le quand même de près son état sanitaire et la génétique de la reine (agressivité, ponte vieillissante en mosaïque…).
Trouver la reine !
Bien connue de la ruche, la reine est à la base du développement de la ruche avec plus de 2 000 œufs pondus par jour ! Non marquée par l’apiculteur, elle n’est pas toujours facile à trouver. Pour faciliter cela, on peut lui déposer une pointe de couleur, un vernis, qui la rendra plus visible et nous aidera à lui donner un âge. En effet, un code couleur universel est appliqué en fonction du dernier chiffre de l’année de naissance de la reine. Cette année c’est le rouge : 2023 = rouge
Sinon, il faut faire preuve de patience ! Mais pour les habitués de l’élevage, son repérage se fait vite, croyez-moi. Elle est plus longue qu’une abeille, des grosses pattes épaisses et un thorax non poilu. Vous la trouverez sur les cadres de couvain ouvert, où sont présents des larves et des œufs. Ayez l’œil sur les cadres !
Tout savoir sur le faux-bourdon !
On dit souvent qu’il ne sert à rien… et pourtant c’est mal le connaître. Appelé le faux-bourdon, il est le mâle de la ruche, représentant environ 1 500 individus sur 50 000 abeilles au printemps. Il est bien plus gros qu’une abeille, avec de gros yeux globuleux, trapu et recouvert de poils.
On le repère aussi par son bourdonnement. Son vol est aussi bruyant et maladroit.
Le faux-bourdon met 24 jours pour naître, c’est le cycle le plus long dans la ruche. Le cycle de l’œuf puis larvaire est le même que pour les abeilles. C’est au stade de la nymphe qu’il restera plus longtemps.
Contrairement aux ouvrières, les mâles sont incapables de se nourrir seuls les premiers jours. Ils seront aidés par les abeilles qui les nourrissent d’une bouillie larvaire et de miel. Une fois bien développé il s’alimentera tout seul depuis les réserves de miel.
Le rôle du faux-bourdon est surtout de transmettre le patrimoine génétique de sa reine (sa mère) à la nouvelle reine lors de la fécondation. Il aura atteint sa maturité sexuelle entre le douzième et le quinzième jour après sa naissance, restant fécond jusqu’au bout de sa vie, soit environ 50 jours.
Lors d’une belle journée (faible vent, bonne luminosité et une température supérieure à 18°C), les mâles de nombreuses ruches se retrouvent sur une aire de vol nuptial (parfois près de 20 000 individus), à la recherche de jeunes reines. Celle-ci sera fécondée par 15 à 20 mâles différents. Les mâles ayant eu la chance de féconder la reine meurent quelques minutes après.
C’est à la fin de la saison, vers septembre-octobre, que les faux-bourdons sont chassés de la ruche. N’ayant plus d’intérêt pour la saison et empiétant sur les réserves pour l’hiver, les abeilles les éliminent.
En ce mois d’avril vous en trouverez beaucoup dans la ruche, c’est normal. Les alvéoles de mâles sont reconnaissables à leur taille, plus bombées que celle d’une ouvrière et souvent placées en bas de cadre sur toute la longueur.
Comme d’habitude, partagez-nous vos photos : on les publiera sur notre site depuis les réseaux sociaux avec le hashtag : #apifonda #apiinvert !
On se retrouve dès le mois prochain sur votre blog API avec votre fidèle partenaire, Les Ruchers De Mathieu !
LES RUCHERS DE MATHIEU
Miellerie & Magasin d’Apiculture
Photos ©lesruchersdemathieu