L’API du mois

API du Mois

Mathieu DOMECQ

Rédacteur en chef de l’API du mois et du Blog

L’apiculteur professionnel a fini sa saison tandis que les amateurs sont parfois un peu en retard sur la récolte et surtout sur le traitement du Varroa. Nous verrons ensemble dans cet article tous les travaux du mois à prévoir avant de faire un zoom sur les fascinantes compétences de l’abeille !

Le saviez-vous ? Pour produire 1 kilo de miel, les abeilles visitent de 3 à 10 millions de fleurs et parcourent pas moins de 60 000 km (soit 1,5 fois le tour du monde) en 10 000 heures de travail. Serions-nous capable d’en faire autant ?

Les travaux du mois

Ce mois-ci l’apiculteur commencera à surveiller ses ruches. Difficile de croire que l’hiver approche, mais chez les abeilles la fin de saison arrive très vite. Pour septembre, voici un récapitulatif des travaux apicole :

 Faire une visite de contrôle : Cette visite consiste à faire l’inventaire de la ruche, c’est-à-dire regarder la population de couvain et le stock de miel et de pollen. Si le couvain ne vous semble pas assez développé, alors il faut le dynamiser avec apport de candi protéiné. Cette source permettra à la ruche de produire plus facilement de la gelée royale, utilisée pour l’élevage des abeilles d’hiver (qui ont une durée de vie bien plus longue que celles d’été). Le couvain doit idéalement être sur 5 à 6 cadres ; le reste des rayons doit être occupé par du miel et du pollen de plusieurs fleurs (plusieurs couleurs) pour limiter les carences alimentaires. Les réserves de miel seront remplacées par apport de sirop Apiinvert, une poche de 2.5 kg devrait suffire.

Dans ce cadre, on observe à droite du miel, au centre du pollen et à gauche des alvéoles encore vides.
Dans ce cadre, on observe à droite du miel, au centre du pollen et à gauche des alvéoles encore vides.

Pour rappel, vous aurez pensé à effectuer votre traitement Varroa rapidement pour éviter sa prolifération et donc impact sur votre ruche. Très souvent les colonies un peu faibles sont perdues en octobre ou novembre, tandis que les plus fortes mourront en février. La mortalité fait partie du quotidien de l’apiculteur. Aujourd’hui nous arrivons à un taux national de 30 

% de perte (bien évidemment le Varroa n’est pas responsable de la totalité de ces pertes car il y a aussi le manque de nourriture ou la difficulté à s’approvisionner en hiver, les courants d’air, l’humidité… bref le changement climatique).

 
Préparer la ruche à l’hivernage : Préparer sa ruche signifie rétrécir l’espace à l’intérieur si besoin, en positionnant une partition isolante.  Si dans les semaines qui suivent la colonie n’arrive pas à stocker malgré le nourrissement effectué, alors supprimez un ou deux cadres pour les remplacer par une partition. La colonie sera resserrée d’un côté de façon à se concentrer sur un seul espace. Avoir une très forte ruche avec beaucoup de couvain naissant (6 à 7 cadres) en cette période n’est pas rassurant pour l’apiculteur. Il lui faudra être vigilant sur les réserves qui risquent de diminuer très vite (en effet toutes ces abeilles vont s’alimenter mais les réserves seront probablement insuffisantes pour passer l’hiver).

Vous pouvez également baisser les portes d’entrée pour éviter toute intrusion d’individus (frelons, souris…). Il est aussi conseillé d’avoir une mousse isolante dans le toit pour réguler la température.

Surveiller les frelons : continuez à piéger ! Comme chaque été, le frelon arrive pour déjeuner dans nos ruches. A la recherche de protéines pour préparer la période de fécondation (septembre-octobre), le frelon est en vol stationnaire devant les ruches. Frelon asiatique ou européens, les deux espèces demeurent néfastes pour la ruche. Placez alors des pièges à proximité, et installez des muselières sur l’avant de la ruche si besoin.

Connaissez-vous vraiment bien l’abeille ?

Nous avons encore bien des choses à connaître des abeilles. Voici quelques chiffres surprenants de cet hyménoptère :

  • La population d’une ruche va passer de 10000 abeilles en hiver à plus de 60000 abeilles au printemps.
  • Une abeille ouvrière vit environ 6 mois en hiver contre seulement 40 jours en été.
  • Une abeille bas des ailes environ 200 fois par seconde notamment pour refroidir la ruche.
  • Elle peut voler jusqu’à 27 km heure et parcourir environ 800 km dans sa vie.
  • En été une colonie est composée d’environ 10 000 butineuses où chacune procédera de 10 à 30 sorties par jour. Cela représente un butinage de 100 000 km par jour pour butiner de 3 à 30 millions de fleurs.
  • Un vol de butinage dure 15 à 30 minutes où l’abeille visite de 30 à 300 fleurs, soit un parcours d’environ 1 km pour récolter seulement 40 mg de nectar et environ 20 mg de pollen.
  • L’abeille pèse 100 mg et à la capacité de prendre une charge de 70 mg.
  • Une abeille produira seulement une cuillère à café de miel durant toute sa vie.
  • Une colonie très forte peut produire plus de 100 kg de miel par an et 50 kg de pollen dont une grande partie sera consommée par elle-même dans le corps de ruche.
  • Pour produire du miel il faut 6 fois plus d’énergie aux abeilles que pour produire de la cire ainsi pour un kilo de cire il aura fallu 10 kg de miel et un kilo de pollen.
  • En présence de couvain une colonie peut consommer jusqu’à 2 litres d’eau par jour pour créer la bouillie larvaire à base de miel et de pollen.
  • Une colonie rejette environ 40 kg par an de CO2 carbonique.
  • La température d’une ruche est maintenue à 35 degrés toute l’année pour préserver le couvain.
Abeille ayant ramené deux pelotes de pollen sur ses pattes arrière.
Abeille ayant ramené deux pelotes de pollen sur ses pattes arrière.

Tous ces chiffres nous mènent à des résultats surprenants, une capacité de travail surdimensionnée, ce qui n’est pas sans conséquence. L’activité d’une ruche demande de récolter de la propolis, du nectar et surtout du pollen, base de leur alimentation. Au total, tous ces produits représentent 240 kg par an !

La gelée royale est ce que l’on appelle l’or de la ruche. Il faut pas moins de 20 abeilles nourricières pour remplir une seule cellule royale en période de production. Au cours de l’année cette production de gelée royale avoisinera les 300 g à 1 kg maximum.

Avec toutes ces consommations les abeilles produisent bien sûr des déjections cela représente tout de même 25 kg d’abeilles mortes et 40 kg de déjections suite à leur nourrissage.

Le Varroa : impact sur la thermorégulation des colonies

D’après des chercheurs de l’université d’Udine en Italie, l’acarien Varroa a un impact sur la thermorégulation des colonies d’abeilles.

Les résultats montrent que les abeilles infectées par le Varroa sont bien moins capables de thermoréguler efficacement leur température, en réponse à une exposition des températures sous optimales. Pour ces chercheurs, les abeilles infestées pourraient ne pas avoir un accès suffisant au nutriments nécessaires à la thermorégulation. Une colonie non traitée ou n’ayant reçu qu’un seul traitement contre le Varroa a beaucoup plus de difficultés à chauffer la ruche qu’une colonie ayant subi plusieurs traitements.

Ces recherches nous indiquent-elles qu’il faut prévoir plus de traitement ? Ou bien faut-il mettre en place d’autres moyens pour chauffer artificiellement la ruche ?

Le Varroa, irrésistible depuis +40 ans en France !
Le Varroa, irrésistible depuis +40 ans en France !

Comme d’habitude, partagez-nous vos photos : on les publiera sur notre site depuis les réseaux sociaux avec le hashtag : #apifonda #apiinvert !

On se retrouve dès le mois prochain sur votre blog  API avec votre fidèle partenaire, Les Ruchers De Mathieu !

LES RUCHERS DE MATHIEU

Miellerie & Magasin d’Apiculture

Photos ©lesruchersdemathieu

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