La récolte du miel
Il est venu le temps pour les apiculteurs situés en plaines de récolter le premier miel de printemps composé du colza. Le nectar de cette fleur a une forte proportion en glucose par rapport au fructose, ce qui entraîne une cristallisation relativement rapide de ce miel. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas trop tarder pour l’extraire des cadres.
Maîtriser la teneur en humidité du miel est important ! Vous pouvez le faire avec un réfractomètre. Il s’agit d’un outil (utilisé aussi pour le vin), qui mesure le taux d’humidité du liquide. Votre miel doit se situer légalement en dessous des 20%. Idéalement, un miel entre 16 et 17% d’humidité aura une bonne conservation sans que ce dernier ne fermente dans le pot.
La fermentation du miel peut être dû à la teneur en humidité, mais aussi à la température et la durée du stockage, ainsi que au type de miel.
En somme, fin avril – début mai est le bon moment pour le sortir des hausses (dès que les colza ont perdu leurs fleurs). Bien entendu la saison n’est pas finie. Ce n’est pas parce que vous récoltez maintenant que vous retirez toutes les hausses. Si votre ruche remplit une hausse ou seulement quelques cadres, retirez-les. Vous remplacerez aussitôt par d’autres cadres vides ou une nouvelle hausse. Pour une bonne maîtrise de la conservation du miel comme vu précédemment, 80% de la surface des cadres que vous allez prélever doit être operculée par un bouchon de cire. Sinon, vous risquez d’avoir un miel trop humide pouvant altérer la conservation.

Comment récolter ses cadres de miel ?
Quand c’est notre première récolte, on peut être un peu perdu et voir cette opération comme un grand chantier ! Non rassurez-vous, il n’y a rien de compliqué. Plusieurs méthodes sont à votre disposition :
1. Récolter avec la brosse
Vous trouverez dans votre magasin apicole des brosses en crin ou en nylon (peut-importe). Une fois votre ruche ouverte, vous retirez un premier cadre de la hausse comme pour une simple observation. Bien en main, secouez en 2 ou 3 fois ce cadre à l’entrée de votre ruche pour y faire tomber les abeilles. Elles entreront rapidement à l’intérieur. Attention, si vous n’utilisez pas de grille à reine, observez bien qu’il n’y a pas de couvain et donc pas de reine dessus ! Ne tapez pas non plus le cadre contre la ruche car vous allez les énerver. Une fois le plus gros des abeilles tombé, prenez votre brosse et balayez les dernières abeilles. Le geste doit être rapide car sinon vous allez blesser les abeilles en les enroulant dans les crins.
Poursuivez cette opération sur tous les autres cadres à récolter. Prévoyez une hausse vide à côté, placée dans une brouette, pour y ranger les cadres prélevés, l’un après l’autre. Ajoutez un couvre-cadre par-dessus pour éviter que des abeilles ne reviennent.
2. Récolter avec le chasse-abeilles
Le chasse abeille est un module plastique accroché à un couvre-cadre et qui sert d’entonnoir. Placé la veille de la récolte entre le corps et la hausse, les abeilles vont descendre durant la nuit sans savoir remonter, libérant ainsi la hausse. On ne fera pas partir autant d’abeilles qu’avec la brosse mais vous aurez dégrossi le travail. Là aussi, si vous n’avez pas mis de grille à reine et qu’il y a de la ponte dans la hausse, il aura peu de chance que les abeilles la quittent.
3. Le souffleur (à feuilles)
Cette méthode peut paraître brutale mais pourtant elle est très utilisée par les professionnels ou semi-pro. Le souffleur permet d’aller vite et de ne pas énerver les ruches suivantes.
On vient soulever la hausse et la poser directement sur le champ sans regarder les cadres. La tête des cadres est face à nous pour propulser les abeilles par le souffle vers l’avant de la ruche. A première vue, beaucoup d’abeilles s’envolent autour de la ruche, mais la pagaille ne dure pas longtemps. Elles vont toutes regagner l’entrée presque aussitôt.
Attention, avec cette méthode, si vous n’avez pas grille à reine! Vous risqueriez de faire envoler la reine à l’extérieur et la perdre.
Le souffleur en main, vous allez propulser l’air entre les cadres pour évacuer les abeilles. En 30 secondes, votre hausse est vidée de ses occupantes. Vous n’avez plus qu’à mettre les cadres dans votre brouette et placer une nouvelle hausse vide sur la ruche avant la fermer.
A chacun sa méthode ! Quand vous aurez fini de récolter les hausses, direction la miellerie (ou votre cuisine, portes et fenêtres fermées) pour l’extraction…

Comment repérer les fleurs ?
L’abeille comme les autres pollinisateurs, utilise des indices précis pour identifier les fleurs sur lesquelles se rendre. A première vue, on parle de leur couleur, de leur parfum… mais ce n’est pas tout. Des chercheurs ont découvert que les abeilles butineuses sont aussi sensibles aux variations de températures des fleurs pour repérer les plus riches en nourriture.
Dans une étude britannique publiée en 2017 dans la revue eLife (https://elifesciences.org/articles/31262) on apprend que les abeilles et les bourdons sont capables de percevoir les variations de températures entre les différentes parties d’une fleur, nommées les “motifs thermiques”.
De cette façon, ils différencient les espèces de fleurs pour choisir les plus riches en nectar. Ces variations de température peuvent atteindre 11°C et peuvent tout aussi bien arriver sur des espèces communes comme les marguerites ou les coquelicots. Sur 118 espèces étudiées, plus de la moitié présentaient des variations de températures sur les pétales.
Les insectes pollinisateurs perçoivent cet écart à l’aide des détecteurs thermiques sur leurs antennes et leurs pattes. En général, ces motifs thermiques sont 4 à 5°C plus élevés que le reste de la fleur. Cette chaleur serait produite par thermogenèse (le “sang de la fleur” qui s’échauffe) ou par la lumière du jour.

En outre, le réchauffement climatique est une menace. Chaque changement de température dans l’environnement peut avoir une influence importante sur l’efficacité des abeilles lorsqu’elles visitent les fleurs en suivant les motifs thermiques.
La collecte d’eau
L’eau est un nutriment indispensable à tout être vivant, y compris les abeilles. Elles l’utilisent notamment pour préparer la “bouillie larvaire”, mélange de miel et de pollen pour nourrir les abeilles.
La colonie ne stocke pas d’eau dans la ruche. En revanche, la science a montré que certaines abeilles stockent de l’eau dans leur corps pour prévenir de futurs besoins immédiats.
Ce sont les butineuses (des ouvrières porteuses d’eau) qui se chargent de faire l’approvisionnement dès que nécessaire comme lors d’une hyperthermie du couvain, c’est-à-dire quand il atteint une température supérieure à 36°C.
Comme d’habitude, partagez-nous vos photos : on les publiera sur notre site depuis les réseaux sociaux avec le hashtag : #apifonda #apiinvert !
On se retrouve dès le mois prochain sur votre blog API avec votre fidèle partenaire, Les Ruchers De Mathieu !

LES RUCHERS DE MATHIEU
Miellerie & Magasin d’Apiculture
Photos ©lesruchersdemathieu